[Les chaînes des anonymes]
Aujourd'hui, sur les réseaux sociaux, circulent ce que l'on appelle des chaînes sur « Telegram » ou des groupes sur « WhatsApp » et autres, où des centaines, voire des milliers de personnes s'abonnent. Les abonnés reçoivent de l'administrateur ce qu'il juge approprié, que ce soit des enregistrements audio, des publications écrites, etc., sous prétexte qu'il s'agit d'enseignement, d’orientation, de conseils et d'explications.
Certaines de ces chaînes se sont aventurées dans l'un des domaines les plus méticuleux et les plus nobles de la science, un domaine où seuls ceux qui avaient une connaissance complète et une grande piété osaient s'exprimer : il s'agit du domaine « des dénominations et des jugements » (Al-Asmaa wa Al-Ahkaam), qui inclut la science « de la critique et de l’éloge » (Al-Djarh wa At-Ta’dil). Ces chaînes s'y sont plongées sans tenir compte des règles de la science et de ses bonnes manières, ni des conséquences de leurs actions. Elles ont adopté la méthode de la domination, ce qui les a transformées en arènes de disputes, de polémiques et de querelles. Il n'y a rien d'étonnant à cela, car celui qui ne possède pas une chose ne peut pas la donner.
La preuve que ces chaînes ne suivent pas les règles de la science est que leurs auteurs et rédacteurs sont pour la plupart des anonymes, sauf dans de rares cas. Pourtant, il y a encore peu de temps, le slogan dominant parmi les salafiyyin était : « _Cette science est une religion, alors faites attention de qui vous prenez votre religion_ » comme l'a dit Ibn Sirine - qu’Allah lui fasse miséricorde. Mais le feu de la discorde a affecté les esprits, les rendant insensibles à ces textes, les éloignant de ces principes fondamentaux, ce qui a conduit à la perte des fondements. Finalement, La situation en est arrivée à un point où l'on éprouve une tranquillité d’esprit à recevoir la science de la part d'inconnus. Le lecteur tombe sur des publications qui contiennent des fondements et des règles, des informations et des jugements, sans qu'elles ne soient attribuées à personne. Il s'en réjouit, alors que les gens de science affirment que les informations provenant d'une personne inconnue ne sont pas acceptées et que son jugement ne peut être digne de confiance, tant que son identité et son état ne sont pas connus.
Ce qui a amené ces suiveurs dans cette situation déplorable, c'est leur chef trompeur, qui fait les éloges de ces chaînes, les encourage à les suivre et à croire ce qu'elles contiennent. Les conséquences de cette trahison apparaîtront clairement lorsque leur suiveur se retrouvera piégé dans un abîme, victime de la déformation des vérités. Ils lui auront inculqué une version défigurée de la salafiyyah et lui auront transmis une éducation boiteuse. Ils n'auront ni soutenu la Sounnah ni vaincu leurs adversaires, et n'auront pas non plus rempli leur temps de science.
Le conseil aux suiveurs des chaînes des anonymes est de demander aux administrateurs de dévoiler leur identité, afin qu'il soit possible de savoir s'ils font partie des étudiants en science compétents et qualifiés pour enseigner aux autres. S'ils sont trop lâches pour révéler leur identité, sachez qu'ils sont des gens de doute et de confusion, alors détournez-vous d'eux et retournez aux cours des savants. Asseyez-vous dans les cercles de science et cherchez-la auprès de ses détenteurs, ceux dont la méthodologie et la croyance sont pures. Ne vous laissez pas tromper par ceux qui brandissent le slogan de la salafiyyah sans vous y conduire réellement, et qui en violent un principe fondamental relatif à la transmission et de la diffusion de la science. Le prêche salafi appelle à un savoir fondé sur la science et l'honnêteté, et il est soutenu par la sincérité et le courage. Celui qui cherche donc à le défendre autrement est égaré et voué à l'échec.
Écrit par le directeur de la revue « Al-Islaah » :
Cheikh Toufik Amrouni - qu’Allah le préserve -
[Revue Al-Islah / Numéro : 72]