Réponse :
Ibn Rushd Al-Mālikī a déclaré dans Al-Bayān wa al-Taḥṣīl (18/194, éd. Dār al-Gharb al-Islāmī) :
« De même, selon son avis, il n’est permis à personne de traiter avec lui dans ces biens ni d’accepter de lui un don, car s’il traite avec lui dans ces biens, il aura traité dans une part du bien illicite en raison de son mélange dans ce qu’il possède. Telle est l’opinion de Ibn Wahb parmi les compagnons de Mālik, et c’est une forme de préférence juridique (istiḥsān) qui va à l’encontre du raisonnement analogique (qiyās). En effet, l’intérêt usuraire (ribā) est inscrit comme une dette dans sa responsabilité, et il n’est pas spécifiquement lié à un bien particulier parmi ce qu’il détient. Selon le raisonnement analogique, il serait permis de traiter avec lui dans ces biens et d’accepter ses dons, et c’est l’opinion de Ibn al-Qāsim. Cependant, Aṣbagh a interdit de traiter avec lui dans ces biens, d’accepter ses dons et ses présents, et il a déclaré : ‘Celui qui agit ainsi doit se départir en aumône de tout ce qu’il a reçu.’ Cela constitue une opinion isolée et non fondée sur un raisonnement analogique. »
Fin de citation.
L’Imām Al-Qurṭubī Al-Mālikī a déclaré dans son tafsīr Al-Jāmiʿ li Aḥkām al-Qurʾān (3/366, éd. Dār al-Kutub al-Miṣrīyah) :
« Certains rigoristes parmi les partisans de la piété excessive ont soutenu que les biens licites mélangés à des biens illicites, de telle sorte qu’ils ne puissent être distingués, restent interdits même si l’équivalent du bien illicite en est extrait. En effet, selon eux, il est possible que ce qui a été extrait soit du bien licite, et ce qui reste du bien illicite. Ibn al-ʿArabī a commenté : ‘Cela relève de l’excès dans la religion, car tout ce qui est indistinct est évalué en termes de valeur monétaire (māliyya) et non en termes d’éléments spécifiques (ʿayn).’ »
Fin de citation.
L’Imām Al-Qarāfī Al-Mālikī a déclaré dans Al-Dhakhīrah (13/317-318, éd. Dār al-Gharb al-Islāmī) :
« Le vingt-troisième type [de jugement] concerne les interactions avec celui qui tire ses gains de l’illicite, comme celui qui pratique l’usure (ribā), la tromperie (ghulūl), ou tire profit de biens usurpés, d’alcool et autres. Dans Al-Jawāhir, il est précisé :
Soit la majorité de ses biens est licite, soit illicite, soit l’ensemble est illicite – que ce soit parce qu’il ne possède aucun bien licite ou parce que les gains illicites qu’il a contractés couvrent tout ce qu’il détient.
Si la majorité de ses biens est licite : Ibn al-Qāsim a permis de traiter avec lui, de lui emprunter, de percevoir une dette de sa part, d’accepter ses cadeaux et ses dons, et de consommer ses aliments. Ibn Wahb a interdit tout cela, tout comme Aṣbagh, selon son principe que le bien mélangé à de l’illicite reste entièrement illicite, et il a affirmé que celui qui en bénéficie doit se départir de tout cela en aumône. Abū al-Walīd [Ibn Rushd] a ajouté : ‘Le raisonnement analogique soutient l’avis de Ibn al-Qāsim, tandis que l’opinion de Ibn Wahb relève de l’istiḥsān (préférence juridique), et celle de Aṣbagh est une exagération, car le fondement de la Sharīʿa repose sur l’évaluation de la majorité.’
Si la majorité de ses biens est illicite : il est interdit de traiter avec lui et d’accepter ses dons, selon Ibn al-Qāsim à titre de réprobation (karāha), et selon Aṣbagh à titre d’interdiction (taḥrīm). Cependant, s’il achète un bien licite, il n’y a aucun mal à traiter avec lui ou à accepter ses dons, à condition de savoir qu’il reste entre ses mains ce qui permet de s’acquitter de ses obligations financières, selon l’avis de ceux qui considèrent ses interactions comme répréhensibles. Cet avis varie selon ceux qui jugent ces interactions interdites. »
Fin de citation.
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