Frères ivoiriens, frères sahéliens, parlons avec le cœur. Parlons entre nous, sans faux-semblants, sans détour. Ce que nous vivons, ce que nous avons traversé, ce n’est pas une simple succession d’événements politiques. C’est une tragédie humaine, une trahison de ce qui fait de nous des hommes : notre dignité, notre fraternité, et notre capacité à rêver d’un avenir commun.
Regardez d’où nous venons. La Côte d’Ivoire n’a jamais été une terre de rejet. Elle a toujours été un havre pour ses voisins, un refuge, une maison. Nos frères burkinabè, maliens, nigériens, ont foulé cette terre avec l’espoir de participer à sa prospérité, et ils l’ont fait. À coups de sueur et de sacrifices, ils ont planté, construit, élevé des générations. Et pourtant, un homme est venu changer tout cela.
Alassane Dramane Ouattara. Ce nom revient à chaque moment de souffrance dans cette histoire. En 1990, il impose la carte de séjour. Vous vous souvenez de ces humiliations ? Nos pères, nos mères, obligés de justifier leur existence dans un pays où ils avaient tout donné. On les a arrêtés, emprisonnés, rejetés. Tout ça pour un papier. Cette carte, c’était plus qu’une formalité : c’était un coup porté à la dignité d’un peuple. Et c’était lui, Alassane Ouattara, derrière cette manœuvre.
Mais il ne s’est pas arrêté là. Quand il a voulu le pouvoir, il n’a pas hésité à brûler la maison. Il a orchestré une rébellion sanglante, soutenue par le régime burkinabè de Blaise Compaoré. Vous souvenez-vous de ces années sombres ? Des villages entiers décimés, des familles détruites, des vies réduites à néant. Et pendant ce temps, Ouattara avançait, calculant, manipulant, jouant sur les souffrances des uns et des autres.
Et pourtant, même dans ce chaos, Laurent Gbagbo, l’homme qu’il a combattu de toutes ses forces, a su préserver l’essentiel. Oui, malgré le soutien avéré de Blaise Compaoré à la rébellion, Gbagbo n’a jamais envisagé de couper l’électricité fournie à ce pays. Pourquoi ? Parce qu’il savait que nos liens allaient au-delà des querelles politiques, au-delà des ambitions personnelles.
Mais que fait Ouattara une fois au pouvoir ? Il fait pire. Il s’acharne. Jamais dans l’histoire de la Côte d’Ivoire un président ou ses soutiens n’avaient autant insisté sur le nombre de “ressortissants étrangers”. Cette obsession, cette manière de diviser, de stigmatiser, a creusé des fossés entre des peuples qui avaient toujours vécu comme des frères. Et pourtant, ces “étrangers”, qui sont-ils vraiment ? Ce sont des hommes et des femmes nés ici, ayant grandi ici, ayant contribué à chaque pierre de ce pays. Ce sont vos voisins, vos amis, vos collègues, vos familles.
Et le pire, le comble de la trahison, c’est ce qu’il a fait à Laurent Gbagbo, cet homme qui, malgré tout, avait permis à Ouattara d’être candidat à la présidence. Oui, c’est Gbagbo qui a ouvert cette porte, en reconnaissant son droit de se présenter. Mais qu’a fait Ouattara en retour ? Il a tout fait pour empêcher ce même Gbagbo d’être candidat. Vous voyez l’ironie, la perfidie ? Un homme qui a bénéficié de la justice et de la générosité refuse cette même chance à celui qui la lui avait accordée.
Alassane Dramane Ouattara, c’est ça. Un homme qui divise pour régner. Un homme qui manipule, qui exploite, qui détruit tout sur son passage pour satisfaire ses ambitions. Mais il y a une chose qu’il ne pourra jamais briser : notre humanité, notre fraternité, et notre mémoire.
Ivoiriens, sahéliens, souvenez-vous. La Côte d’Ivoire que nous avons connue n’était pas celle de la haine ou de la division. C’était une maison, une grande maison où chacun trouvait sa place. Cette maison, nous pouvons la reconstruire, ensemble. Mais pour cela, nous devons tourner la page d’Alassane Ouattara. Pas par vengeance, mais par justice. Pour que nos enfants n’aient jamais à vivre ce que nous avons vécu.
À toi, Ouattara, sache-le : l’histoire te jugera. Et quand elle le fera, elle te verra pour ce que tu es : un homme qui a sacrifié la fraternité sur l’autel de ses ambitions.