En plein coeur de la Vallée du Ciron, le camp de Freinage d'Urgence est ainsi situé à quelques kilomètres seulement du tracé des LGV et des démentiels ouvrages d'art prévus pour enjamber les affluents de la Garonne. Ici comme dans de nombreux territoires à travers les cinq départements traversés par le tracé, la majorité des communes se pare toute l'année des panneaux "NON LGV" et la population est opposée au projet - comme Philippe, propriétaire du terrain de Freinage d'Urgence, dont l'enthousiasme à la vue des personnes arrivant progressivement sur son camp est contagieux. En net contraste avec cette tradition d'accueil, les forces de l'ordre ont effectué dès 4h du matin en basse altitude au-dessus du camp un "vol de reconnaissance" (dixit la préfecture sic) ...avec des stroboscopes et des sirènes tonitruantes entendues des kilomètres à la ronde pendant 40 minutes.
Le format inédit de la journée appelée par les Soulèvements de la Terre et les collectifs membres de LGV NON MERCI, composée d'une multitude de propositions émanant des différents collectifs locaux, et distinct des manifestations classiques, a donné un élan ludique à la journée qui n'a fait que s'intensifier au cours de la journée. Un bal a ainsi vu le jour avec des dizaines d'équipes se formant pour interpréter à leur façon le "Grand Jeu". En ce samedi 12 octobre, les participant.e.s ont alors pu expérimenter de multiples possibilités de prises directes sur le projet par des gestes symboliques ou effectifs :
- Au cœur de la sublime vallée du Ciron, une des 8 zones Natura 2000 transpercées par le projet, des centaines d'opposant.e.s construisent une vigie de 6m de haut comme édifice défensif du vivant et du territoire : la logique du fait accompli s'arrête ici - nous mettons en place des capacités de surgissements sur tout le tracé et d'ici à ce qu'iels arrivent, nous tenons le guêt ;
- En parallèle, pour faire prendre conscience aux participant.e.s de la richesse des écosystemes du territoire et de l'ampleur des destructions potentielles, des naturalistes proposent plusieurs balades aux côtés de LGV NINA qui propose de marquer l'emprise du viaduc de la confluence du Bartos et du Ciron grâce à des installations éphémères transportées par les participant.e.s, le tout mimant un futur dystopique que nous ne laisserons pas advenir ;
- Des petites équipes, famille, ami.e.s ou nouvelles rencontres, se sont cré.e.s pour aller déposer des panneaux "LGV NON MERCI" et des banderoles dans les communes tout au long du tracé : hors de question pour elleux de se laisser censurer par les dispositifs de consultations qui leur sont proposés par l’État, les opposant.e.s choisissent de s'exprimer par leurs propres moyens !
Dans cette zone, les opposant.e.s constatent que le chantier des lignes nouvelles n'a pas demarré, même si les machines sont déjà à l’œuvre depuis plusieurs mois du côté des Aménagements Ferroviaires au Sud de Bordeaux. Ces aménagements ferroviaires sont régulièrement amalgamés avec les trains du quotidien pour faire oublier leur coût improbable de 900 millions d'euros pour 12 km et leur lien avec le GPSO. À 70km du camp de Freinage d'Urgence, les opposant.e.s se sont mobilisé.e.s pour visibiliser qu'iels ne laisseront pas passer ce cheval de Troie des Lignes à Grande Vitesse :
- Dans Bordeaux, une parade à vélo a parcouru la métropole pour rendre visite aux principaux acteurs de ce projet : Systra (ingénierie ferroviaire), Segat (expropriation et négociation foncière), Hôtel de Région (siège d'Alain Rousset, principal promoteur du projet) et la gare Saint-Jean, point d'arrivée des LGV dans le Sud-Ouest. Annoncé comme un pied de nez à l'invective de la 'grande vitesse', les cyclistes ont su se parer de leurs plus vives couleurs pour mettre en avant les mobilités douces comme voie de résistance contre la logique d'accélération continue des rythmes de vie imposée dans les métropoles ;